A mes heures gagnées (2017)

A mes heures gagnées ©Eric Dargenton           

Éditions Chloé des Lys

ISBN 978-2-87459-994-1.

Octobre 2017

11, 50 euros

Imprimé sur papier recyclé


Le livre peut être commandé sur le site des éditions Chloé desLys :

 

http://www.editionschloedeslys.be/5-catalogue

 

Taper les noms du recueil et de son auteur dans un moteur de recherche conduit également vers d'autres liens (Leslibraires.fr, decitre.fr, etc.) où il est disponible à la vente.



Respirer sans amour, c'est exister sans vivre.

 (Vivre sans lui ; © E. D.)

Esprit du livre

Ce recueil comporte 26 poèmes composés de 2008 à 2010.

 

Les vers, liés par une facture classique, chantent les joies et les douleurs de l’existence, la nature, l’amour …

 

J'ai eu à cœur de respecter de nombreuses règles de prosodie classique afin d'apporter à mes textes musicalité, harmonie et couleur, en me rappelant les conseils de Baudelaire :


"Parce que la forme est contraignante, l'idée jaillit plus intense."

 

...ou de Th. Gautier :


"Oui, l’œuvre sort plus belle
D'une forme au travail
Rebelle,
Vers, marbre, onyx, émail."

 

Bonne lecture à toutes et tous !


Extraits

 L'épeire

 

 

L’ouvrage aérien, fruit d’un labeur austère,

 

Filé durant la nuit sans carde ni fuseau,

 

Suspend dans le thuya l’étoile d’un réseau

 

Où vient de s’emmêler un malheureux diptère.

 

 

Une averse pourrait sans peine mettre à terre

 

Cette construction, mais la mouche, prise au

 

Traquenard plus subtil que le bec d’un oiseau,

 

S’épuise en s’agitant, détresse solitaire.

 

 

L’épeire, ballerine à l’entrechat fatal,

 

Sûre à présent, se jette, et son élan brutal

 

Meurt avec le baiser de leur étreinte intime…

 

 

La toile vibre encor d’un délicat frisson

 

Tandis que l’araignée habille sa victime

 

Comme une mère lange un frêle nourrisson.

A contresaison (extrait)

 

(...)

 

Je devrais être heureux, oiseaux, à vous entendre ;

 

A vous respirer, fleurs, je devrais être heureux ;

 

J’assiste à vos concerts, je vous regarde tendre

 

Aux ivrognes ailés vos vases liquoreux.

 

 

 

C’est l’heure où le poète à son aise délivre

 

Les quatrains épuisés du carcan de ses maux

 

Comme l’arbre dénoue un lourd corset de givre

 

Pour offrir aux regards ses plus tendres rameaux ;

 

 

 

L'heure d'aller à deux où l'on va solitaire,

 

D'un pas sûr, confiant, rythmé comme le Sien,

 

De ne troubler la paix du ciel et de la terre

 

Qu’avec l’allègre archet de son cœur musicien.

 

 

 

Redevenu clément, c’est l’heure où l’on pardonne

 

Sa grêle morne au ciel, sa froideur à l’amant,

 

Puisque cette saison de la ferveur redonne

 

A toute la nature un vaste enchantement.

 

(...)

 ©Eric Dargenton

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Commentaires: 2
  • #1

    linda (vendredi, 05 janvier 2018 18:43)

    Bonjour Eric,

    Des poèmes élégants et surtout quelle finesse! Le respect de la contrainte te va à ravire. Merci pour les émotions que tu nous transmets...

  • #2

    Alexia Agathe (samedi, 02 juin 2018 14:13)

    Bonjour E.

    Votre poésie nous renvoie des impressions visuelles, sonores et olfactives à travers des images successives d'une grande originalité. Le style raffiné, harmonieux et esthétique nous fait dire qu'Eric Dargenton aborde la poésie tel un musicien.

    Félicitations pour ce premier recueil, talentueux poète, et bonne continuation à vous !

    Agathe

Au moment de se quitter

 

 

Le cœur d’une peine étoffé,

 

Chacun sirotait sa commande :

 

Une bière blonde, un café.

 

— Pleuvait-il, ô cité flamande ?

 

 

Ses cheveux pris dans un chignon,

 

Plus grave qu’un séminariste,

 

Elle avait, pour son compagnon,

 

Un curieux sourire triste.

 

 

Elle n’était plus cette enfant

 

Légère mais jamais frivole.

 

Pour fuir l’orage ébouriffant

 

L’oiseau vers l’épaisseur s’envole.

 

 

Quand elle vit ses yeux briller,

 

Il bâtit toute une imposture

 

Et répondit, sans sourciller :

 

« Les pollens sont une torture. »

 

                                                              

Plus tard, ils gagnèrent le quai

 

Où l’heure s’affirme contrainte.

 

Un train étant vite manqué

 

Quand se prolonge trop l'étreinte,

 

 

Ils se quittèrent, ranimant

 

Leur gris quotidien, métronome

 

Dont l’ennui fait le battement.

 

Le train confisqua le jeune homme.

 

 

Chacun serra son souvenir :

 

Lui, d’yeux clairs où la joie abdique

 

En songeant au froid à venir ;

 

Elle, d’un mensonge pudique.

 

 

©Eric Dargenton


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Commentaires: 3
  • #1

    Bernadette G-V Edelweiss (dimanche, 19 novembre 2017 18:55)

    Bonjour Eric,
    Votre site, où je prends enfin le temps de me poser sur ces rameaux, avec enchantement, ne fait que confirmer ma première impression. Des vers de toute beauté, "hors temps", comme je les aime.
    Je retiens celui-ci, en particulier :
    "L'heure d'aller à deux où l'on va solitaire,
    D'un pas sûr, confiant, rythmé comme le Sien,
    De ne troubler la paix du ciel et de la terre
    Qu’avec l’allègre archet de son cœur musicien. "
    Merci aussi pour cette définition de la poésie, de Lamartine.
    Félicitations pour ce premier recueil, et bonne continuation !
    Bernadette G-V Edelweiss

  • #2

    papipoète (samedi, 03 mars 2018 19:03)

    L'épeire est une créature qui me fascine, par sa beauté ( sa taille de guêpe ), son savoir-faire ! Approchez votre main d'elle et vous la verrez y grimper sans appréhension ... et vous épaterez la galerie aux yeux médusés !
    Les 2 tercets de ce sonnet sont lumineux !

  • #3

    jfmoods (mardi, 25 septembre 2018 21:02)

    L'Épeire

    Ce sonnet en alexandrins est à rimes embrassées, suivies et croisées, suffisantes et riches, majoritairement féminines.

    I) Un rituel de mort

    Le piège, tendu (métaphore : "l'étoile d'un réseau", comparatif de supériorité : "Traquenard plus subtil que le bec d'un oiseau"), attend patiemment la proie ("un malheureux diptère"). Le poète s'attarde avec une certaine complaisance sur l'agonie de la mouche (verbes pronominaux : "S'épuise en s'agitant", groupe nominal : "détresse solitaire") avant d'annoncer l'impitoyable coup de grâce, l'estocade finale (lexique : "fatal", "brutal", "Meurt").

    II) Un ballet enchanteur

    Dans le même temps, l'évocation s'apparente à une danse, troublante, captivante, envoûtante. C'est un spectacle hors-sol, à l'aspect grandiose, marqué par la grâce, la légèreté (lexique : "aérien", "suspend", "ballerine", "entrechat"). Il s'y dessine en creux une sensualité dense, profonde (groupes nominaux : "le baiser", "leur étreinte intime", "délicat frisson", verbe : "La toile vibre", comparaison : "Comme une mère lange un frêle nourrisson").

    III) La mise en abyme du sonnet

    Le jeu antithétique des groupes nominaux ("ouvrage aérien" / "labeur austère") met en perspective l'exigence poétique. Le poème est un mystère ("Filé durant la nuit, sans carde ni fuseau"), l'inspiration est capricieuse ("Une averse pourrait sans peine mettre à terre / Cette construction"). Cependant, de ce corps à corps avec les mots, un poème imposera sa forme (personnifications : "sûre à présent", "l'araignée habille sa victime").

    Merci pour ce partage !


 

Ils cheminaient, main dans la main, jouets du vent.

Ils se parlaient à peine ; ils souriaient souvent,

Et l'âme de chacun rendait l'autre âme heureuse.

 

(Au bord de la Lys ; © E. D. )